Une baisse d’attention, une agitation excessive, un chagrin d’amour : un petit cachet, et le tour est joué ! Le moindre écart émotionnel ou comportemental est aujourd’hui médicalisé.
Selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies, près de 25 % des jeunes ont déjà pris au moins un psychotrope à l’âge de 17 ans. Normal ! Ils sont désormais initiés au dopage dès le plus jeune âge. L’explosion des ventes de Ritaline, médicament prescrit à partir de 6 ans aux enfants diagnostiqués hyperactifs est là pour le prouver.
Quel monde terrifiant et halluciné sommes-nous en train de transmettre aux générations futures ? Jusqu’où va nous mener une société aliénant nos esprits à coup de scuds chimiques mais aussi de shoots numériques ? Car addictions médicamenteuses et digitales ont partie liée. Elles visent à nous anesthésier, à nous éloigner de notre humanité.
C’est ce qu’Homo Drogus, un manifeste destiné aux parents en particulier et à la société en général, entend dénoncer. La manière dont une société prend en charge les sujets les plus fragiles, tels les enfants, révèle sa substance éthique. Il est temps de prendre soin de nos vulnérabilités au lieu de chercher à les nier.
Professeur honoraire de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille, psychanalyste, Roland Gori a publié de nombreux ouvrages sur les passions, le terrorisme, les imposteurs. Son dernier texte décortique l’arrivée au pouvoir et la présidence d’Emmanuel Macron.
Auteure, réalisatrice de documentaires pour la télévision et reporter au magazine Psychologies, Hélène Fresnel s’est formée à la psychanalyse après des études de lettres et de journalisme. Elle a notamment écrit avec Véronique Vasseur, ancien médecin-chef à la prison de la Santé, une enquête sur les travailleurs pauvres.
Homo Drogus, Roland Gori & Hélène Fresnel, éditions HarperCollins
160 pages, 14€, parution le 6 mars 2019
Par Thomas Schauder
Entretien Avec Roland Gori,