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Appel des appels

De la société de l’imposture au courage de la vérité

au temps du Covid 19

Nous avons eu la peste, la peste moderne, ce Covid-19 provoqué par le SARS-Cov-2 dont on espéra un temps, un temps seulement, que parti d’Asie il y retourne sans trop de pertes et de fracas. On avait oublié que cette « tempête parfaite » (Philippe Sansonetti) s’était fait précéder dès 2002-2003 du SRAS causé par le SARS-Cov, le MERS-CoV en 2012, de la Grippe H1N1 en 2009, et quelques temps avant encore en 1968 de la Grippe de Hong Kong, sans compter la longue liste des maladies infectieuses des pays dont on ne compte les morts que lorsqu’ils nous contaminent, VIH, Ebola, maladie du légionnaire, tuberculose résistante… Nous avons eu la peste et nous nous sommes empressés d’oublier que nous l’avons toujours. Pourtant, nous avons toujours su que le propre d’une épidémie est d’être endogène (Patrick Zylberman), pourtant nous avons toujours su que nombre de civilisations s’étaient effondrées par l’action conjointe de chocs environnementaux, climatiques ou épidémiques et par l’état d’impréparation des sociétés qui les subissaient. Nous avons voulu croire que le chapitre des maladies infectieuses était définitivement clos par les chimiothérapies et autres molécules formidables de notre modernité. Le monde n’est pas l’Afrique et les pays riches se pensaient à l’abri, derrière leur nouvelle ligne Maginot, celle d’une mondialisation heureuse et dynamique, prompte à l’expansion économique dans les territoires les plus reculés de la planète. Les Etats s’étaient convertis à cette doxa néolibérale, imposant à « leurs services publics des sévices privés » (Johann Chapoutot et Frederic Velut). Nous le savions et nous ne l’avons pas cru comme je l’ai développé dans mon dernier ouvrage. La pandémie du Covid-19 a mis au jour ce déni collectif en révélant nos points de fragilité et la démolition des dispositifs de soin chargés de les traiter. C’est de cette imposture-là dont il sera question. Face à cette imposture anthropologique pouvons-nous compter sur les sciences ou le journalisme ou les politiques pour avoir le courage de la vérité, la vérité de dire le retour des épidémies, la défaite des gouvernants, l’ignorance des savants et l’opportunisme des médias ?

Tel sera le fil conducteur de nos séances au cours de ce cycle. Ce fil conducteur, nous pourrions en exhumer la douloureuse portée par cette formulation : « dans une société du spectacle le vrai est un moment du faux ». Des mensonges d’Etat à la cacophonie des « experts » du spectacle, en passant par l’exemplaire éthique des « premiers de corvée », il nous faudra rappeler, à la manière d’Albert Camus, que pour lutter contre la « peste » rien ne vaut l’honnêteté » : « pour rien au monde je ne voudrais vous détourner de ce que vous allez faire, qui me parait juste et bon. Mais il faut cependant que je vous le dise : il ne s’agit pas d’héroïsme dans tout cela. Il s’agit d’honnêteté. C’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. […] Je ne sais pas ce qu’elle est en général. Mais dans mon cas, je sais qu’elle consiste à faire mon métier. »

 

Roland Gori, Marseille le 2 octobre 2020

COMMUNIQUE DU RASSEMBLEMENT DES PRATICIENS DU SOIN PSYCHIQUE 

 

Montreuil, 2 mai 2021

La pandémie vient de nous rappeler ce que constatent tous les jours dans la prise en charge des souffrances psychiques et sociales les professionnels du soin. L’équilibre et le développement du sujet humain dépendent étroitement de son environnement social et culturel. Les relations humaines exigent un soin, un souci, une sollicitude qui mobilisent tact, délicatesse et parole pour accueillir et traiter la vulnérabilité spécifique de notre humanité. Et ce d’autant plus lorsque le sujet humain, conjecturalement ou structuralement, est en proie à l’angoisse et à la détresse. Les professionnels du soin doivent connaitre les pratiques ou méthodes de soin sans pour autant se réduire à des techniciens taylorisés d’une chaine de production sanitaire sans âme et sans conscience. Plus encore que dans d’autres métiers soumis aujourd’hui à cette violence technocratique, les professionnels du soin psychique doivent pouvoir exercer leurs métiers en connaissance de cause.

Pourtant, là comme dans les secteurs de la recherche, de l’éducation, de la justice et du travail social, une politique de « casse des métiers » se met en place par le jeu de prescriptions normatives, d’arrêtés et de projets de lois purement sécuritaires augmentant les dispositifs de contrôle aux dépens de la qualité des soins. Pour les plus récents : la création forcée des Plateformes diagnostiques, la publication de l’Arrêté du 10/03/2021 relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues, ou encore la Proposition de loi de création d’un Ordre des psychologues. La poursuite, voire l’accélération de cette politique, imposée de façon anti-démocratique, dans le mépris absolu des associations et organes de représentation des professionnels, se prévaut d’une vision réductrice, neurocognitive et sécuritaire du sujet humain. Elle a pour conséquence la destruction des pratiques, des dispositifs de soins et des statuts professionnels. Plusieurs de ces « coups d’Etat bureaucratiques » ont été réalisés avec la complicité de responsables partisans d’une éradication des théories et des pratiques psychodynamiques, peu soucieux de masquer leurs conflits d’intérêts épistémologiques et marchands. Un sujet humain sans environnement, sans histoire, sans culture, sans responsabilité, piloté par ses neurones, ne correspond pas à notre expérience du soin, et pas davantage à notre désir de progrès et de justice sociale.

Face à ces attaques contre le soin tout autant que contre la démocratie, et dans la perspective des « Assises de la psychiatrie et de la santé mentale » montées dans la précipitation, il faut plus que jamais rester réunis pour construire une réponse concertée. Cette réponse ne saurait être cantonnée à la psychiatrie ou à la psychologie, elle concerne tous les métiers aujourd’hui impactés par une logique purement comptable et instrumentale qui compromet les services que nous devons aux citoyens.

 

Communiqué des collectifs Appel des Appels / Collectif des 39 / Printemps de la psychiatrie, qui ont initié le rassemblement in vivo et « en visio » de plus de 700 personnes issues des collectifs, associations et collèges professionnels, associations des patients, organismes représentatifs de familles, organisations syndicales et citoyennes.

 

Prises de parole : Appel des Appels, Printemps de la psychiatrie, Collectif des 39, SNP, SUIEERPP, FFPP, Inter-collège Psychologues PACA, Collectif POP, Collectif Grand Est, Fédération CMPP Bretagne, FDCMPP, Collectif CMPP N-A, Humapsy, La Main à l’Oreille, RAAHP, Le Fil Conducteur Psy, API, Stop-DSM, CEMEA, Albert Ciccone, Pierre Delion, Roland Gori, …

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